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Valsez maintenant !

« Pour ce chapelet choral radieux, pièce maîtresse du programme, le choeur est accompagné au piano par un duo talentueux de jeunes pianistes aux parcours prestigieux parallèles et très complémentaires.« 

Le choeur Spirito, dans sa forme chambriste, invite à la valse, raffinée, élégante par ses tournoiements qui peuvent aller jusqu’au vertige. Cette danse, connue pour être populaire ou « viennoise » se colore au gré des sentiments qui l’habitent. Les arrangements des oeuvres de Sibelius, Lehar ou Chostakovitch en offriront des atmosphères très contrastées. Brahms vouait à ses Liebeslieder-Walzer un attachement particulier. Peut-être associait-il à ce recueil, le sentiment amoureux que lui inspirait la fille du couple Schumann.

Pour ce chapelet choral radieux, pièce maîtresse du programme, le choeur est accompagné au piano par un duo talentueux de jeunes pianistes aux parcours prestigieux parallèles et très complémentaires. Les valses de Chopin appartiennent au répertoire de Guillaume Coppola, le jazz et l’improvisation nourrissent l’expression artistique de Thomas Enhco. L’un et l’autre, présents dans ce programme par leurs spécificités, seront aussi les complices attentifs du choeur pour un concert inventif et généreux.

 


L’oeuvre de Robert Pascal vue par
Joël Clerget
Psychanalyste, enseignant et écrivain


Fréquentation
 

Compositeur français né le 3 juin 1952 à Salon-de-Provence, Robert Pascal loge sa musique sous l’égide d’un mot de Gaston Bachelard : « Le monde est beau avant d’être vrai. » Une inspiration des hauteurs donne rythme et souffle à sa partition. La voix d’un violoncelle chante un corps silencieux. Un regard de silence gagné sur les cimes du temps se pose au creux des sonorités. 

Constituant la composition, les graphes font alliance avec les sources ethnomusicologiques, les récits mythiques, les musiques du passé, d’autres oeuvres en héritage. Outil, les mathématiques sont là comme le soleil, les arbres ou les rencontres avec des personnes. Dans un quatuor, l’articulation de la différence entre le hautbois et les instruments à cordes trouve solution dans un dessin. Des formes logarithmiques à deux spirales tournant en sens inverse permettent une rencontre. Les interprètes jouent en s’écoutant pour créer un univers sonore partagé. L’interactivité de pièces mixtes en temps réel, par un dispositif électroacoustique, fait la voix ou l’instrument se distribuer dans la salle sous forme de sons retravaillés, transformés en retour par la façon de jouer des interprètes. 

D’Yvette Grimaud, à l’enseignement orienté vers la qualité de l’écoute et la transmission musicale, et de Raffi Ourgandjian, son professeur d’écriture et de composition, Robert Pascal a reçu le sens de la justesse et le désir de transmettre. Cette responsabilité de l’artiste se réalise en façonnant les outils qui lui permettent d’honorer son désir de création : se donner les moyens de ses fins, ici musicales. Tel en est l’acte dans l’altérité qui oblige. Ce sens du partage s’incarne dans des engagements citoyens. La beauté du geste juste conjugue ainsi l’accomplissement de la justesse à la dimension de la Justice. 

La relation à la peinture annonce des élans de valses aux couleurs stimulant la créativité, dont le bleu, principalement. Assez plastique, la composition a quelque chose de sensitif, au sens gestuel et visuel, relativement au mouvement, au flux musical, par l’épaisseur, la lumière. Dans une écriture procédant par ruptures et fragments, La continuité du geste est essentielle pour assurer la cohérence de l’ensemble. 

Nicole Corti, souhaitant valoriser les lieder pour choeurs de Schumann, propose à Robert Pascal d’écrire So fern, Si loin, (2006), qui donne à entendre la douleur et la profondeur de l’éloignement. Tu es si loin que mon coeur en est mort depuis longtemps. Puisant dans le lied opus 29 n°2, In meinen Garten, la matière de So fern prolonge l’univers schumanien, familier du compositeur, dans un envoûtant duo. Les entraves mystérieuses (2018), prolongation contemporaine d’une valse de Brahms, sont une respiration pour choeur à huit voix mixtes. Les Liebeslieder-Walzer opus 52 en sont la source, habités par l’esprit de la valse viennoise et la musique populaire. La contrainte impose intégration du passé et entrée dans l’univers de Brahms. Robert Pascal lui reste fidèle en explorant des mondes plus oxygénés, plus proches, dans une trajectoire revenant par bribes au lied initial. Quittant la tonalité et l’omniprésence du rythme ternaire des valses, un temps autrement pulsé s’impose, plus lisse, non strié, pour aller au contact d’un univers différemment organisé, Autre. 

Programme

Johannes Brahms (1833-1897) Liebeslieder-Walzer opus 52
Robert Pascal (1962) Les Entraves mystérieuses
Frédéric Chopin (1810-1849) Valses op.64 ut# mineur, valse en la mineur B150 KK IVb Nr 11, valse en fa mineur, valse en mi bémol majeur op.18
Jean Sibélius (1865-1957) Valse triste
Thomas Enhco (1988) Mignonne, allons voir si la rose
Franz Lehár (1870-1948) « L’Heure exquise » extrait de La Veuve joyeuse
Johannes Brahms Danses hongroises
Dimitri Chostakovitch (1906-1975) Valse n°2 

Distribution

Spirito
Sopranos Maeva Depollier, Claire Nicolas, Marie Remandet, Marina Venant
Altos Caroline Gesret, Célia Heulle, Delphine Terrier, Thi-Lien Truong
Ténors Vincent Laloy, Xavier Olagne, François Roche, Marc Scaramozzino Basses Étienne Chevalier, Éric Chopin, Sébastian Delgado, François Maniez
Guillaume Coppola et Thomas Enhco Piano
Bruno Fontaine Transcriptions
Nicole Corti Direction 
Avec le soutien de la Maison de la musique contemporaine et de la SACEM 

Horaires
vendredi 27 janvier 2023 - 20h00
Échirolles (38)
La Rampe Ponatière