Background Image

Cori, féminins pluri-elles

« Courant du XVIIe siècle à nos jours, Cori, féminin pluri-elles met à l’honneur la présence féminine avec cinq compositrices au programme. »

Cori, féminins pluri-elles fait la part belle aux femmes en proposant des pièces contemporaines de trois compositrices françaises, en regard d’oeuvres italiennes et françaises du premier baroque. Un programme pour douze voix et deux accordéons microtonals, qui met à l’honneur le duo Xamp formé par les jeunes accordéonistes Fanny Vicens et Jean-Étienne Sotty.

 

 


Cori, féminins pluri-elles vu par
Michèle Tosi
Musicologue et critique musicale

Cori : un répertoire vocal au féminin
Courant du XVIIᵉ siècle à nos jours, Cori met à l’honneur la présence féminine avec cinq compositrices au programme.
De Barbara Strozzi (1619-1677), deux ariette sont chantées à voix seule, accompagnées par l’accordéon qui fait office de clavier et de basse d’archet. Dans Chesi puo fare ? op. 8, la voix implorante s’inscrit sur le mouvement circulaire d’une basse obstinée. Plus audacieuse, avec ses chromatismes et son ornementation ouvragée, Lagrime mie op.7 est un cri de douleur lancé dès les premières mesures de la partition. Les Ariette seront précédées d’un prélude (à l’accordéon toujours) extrait des Pièces de clavecin d’Élisabeth Jacquet de la Guerre (1665-1729), autre « héroïne » et protégée de Louis XIV, qui appelle de ses vœux la réunion des « goûts » français et italien.
Trois grandes dames de la contemporaine sont à l’affiche de Cori : Betsy Jolas d’abord, avec De Nuit, sur deux poèmes de Victor Hugo, qui dessine une ligne mélodique raffinée autant qu’escarpée. Les cinq voix de femme d’Amore d’Édith Canat de Chizy, sur un poème en vieux français de Marguerite Porete (mystique du XIIIème siècle), donnent l’illusion sonore d’une seule et même voix s’adressant à l’être aimé. Quant à Graciane Finzy, elle fait éclater l’espace des douze voix mixtes dans Bruyères à l’automne sur un texte de Florence Delay où voix parlées et chantées alternent de manière aussi théâtrale que facétieuse.
C’est avec leurs accordéons microtonals (accordés en quarts de ton) que le duo Xamp, Fanny Vicens et Jean-Étienne Sotty, joue Véga, une transcription d’une pièce pour orgue d’Édith Canat de Chizy. Sur ces instruments réactifs et sensibles, la compositrice dit obtenir les nuances et l’atmosphère qu’elle a tenté d’approcher avec l’instrument à tuyaux. Au côté du chœur mixte Spirito, les deux accordéons reviennent dans Paradiso où Canat de Chizy invoque Dante Alighieri et sa Divine Comédie : « Forts du travail effectué avec Édith dans Véga, nous avons pu lui proposer des situations instrumentales avec microtonalité selon ce qu’elle souhaitait entendre », précisent les Xamp, des graves abyssaux (« L’ombre de la terre ») aux boucles scintillantes du « ciel de feu » décrit par Dante, où le sifflement des chanteurs fusionne avec le registre suraigu des deux instruments.

 

Avec le soutien de la Maison de la Musique Contemporaine et de la SACEM

 

 » Un programme voué à des compositrices du XVIIe au XIXe siècle par le magnifique chœur de chambre Spirito sous la direction de Nicole Corti  a clos le premier week-end du festival, prouvant que la musique écrite et acoustique reste pérenne et d’une force créatrice inégalable. Avec le couple d’accordéonistes Jean-Etienne Sotty et Fanny Vicens, le concert a enthousiasmé les spectateurs, particulièrement le très créatif Paradiso pour 12 voix et 2 accordéons microtonals (2018) de la compositrice Edith Canat de Chizy « 

Merci Bruno Serrou pour La Croix

Programme

Élizabeth Jacquet de la Guerre (1665-1729) Prélude de la suite en ré mineur pour clavecin (Transcription pour accordéon)
Barbara Strozzi (1619-1677) Che si può fare ? Pour soprano et accordéon
Édith Canat de Chizy (1950) Vega (2019) Pour deux accordéons microtonals
Édith Canat de Chizy Amore (2019) Pour cinq voix de femmes
Betsy Jolas (1926) De nuit (2004) Deux chants à voix seule : J’ignore et Dans l’obscurité. Texte : Victor Hugo
Graciane Finzi (1945) Bruyères à l’automne (2014) Pour douze voix a cappella. Texte : Florence Delay
Élizabeth Jacquet de la Guerre Prélude de la suite en la mineur Pour clavecin (Transcription pour accordéon)
Barbara Strozzi Lagrime mie Pour soprano et accordéon
Édith Canat de Chizy Paradiso (2018) Pour douze voix et deux accordéons microtonals. Texte : Le Paradis de La divine Comédie / Dante Alighieri Aide à l’écriture d’oeuvres musicales originales du Ministère de la Culture

Distribution

Spirito
Sopranos Carole Boulanger, Maeva Depollier, Magali Perol-Dumora |Altos Isabelle Deproit, Caroline Gesret, Célia Heulle, Chantal Villien | Ténors François Hollemaert, Xavier Olagne | Basses Étienne Chevallier, Éric Chopin, Sebastian Delgado

Jean-Étienne Sotty et Fanny Vicens (Duo Xamp) Accordéons microtonals

Nicole Corti Direction

Horaires
dimanche 14 novembre 2021 - 18h00
Perpignan (66)
L’Archipel SN, Festival Aujourd’hui Musiques

Cette saison

C'est aussi

05 May 2021
Clairs de lune
 
« Une invitation au voyage en clair-obscur à travers 80 ans de musique française, de Berlioz à Ravel. »
25 Mar 2022
Signes des temps
itinéraire musical et poétique
« Neuf voix de femmes et trois contre-ténors, une cithare iranienne qanûn, une basse de viole et un dispositif électronique (…) déploieront autour de la lecture de poèmes orientaux questionnant la vacuité de l’être et l’impermanence du monde. »
26 Sep 2021
Venus’ birds
 
« Trois contre-ténors, un luth et une viole, pour nous parler d’amour, avec les mots et la musique d’il y a trois ou quatre siècles. Et nous émouvoir, nous, aujourd’hui et maintenant. Hic et nunc. »