Invitation à la valse

La valse : à la fois un mystère, un vertige, une histoire.
Mystère d’une séduction qui perdure siècle après siècle. Vertige d’un trois temps chaloupé et ses variations rythmiques à l’infini. Fil rouge dans l’histoire de la musique, de Schubert à Chostakovitch, en passant par Brahms, Sibelius, Ravel et bien sûr toute la dynastie des Strauss.
La valse est aussi une promesse de plaisir. Faites-en l’expérience : il suffit d’annoncer à quelqu’un qu’on va lui faire entendre une valse pour qu’aussitôt un sourire se forme sur ses lèvres… C’est que le trois temps permet un tangage, un roulis, un déséquilibre enivrant mais contrôlé qui évoque immanquablement l’amour et ses sortilèges – à tel point que j’ai pris l’habitude dans mes concerts d’improvisation de toujours lui consacrer un solo. Car valser (en allemand « wälzen »), figurez-vous que cela veut dire rouler ! La tête tourne, l’esprit chavire, la raison démissionne, et tout le problème est alors la distance qui sépare les corps des deux danseurs…
Mais attention, il y a valse et valse ! C’est comme pour les chats, il en existe de toutes sortes : valse viennoise, valse musette, valse anglaise, valse créole, valse-tourbillon, gymnopédie, valse américaine, valse-minute, valse-tango… Nous aurons ainsi largement de quoi faire dans ce concert qui promet toutes les ivresses, ainsi qu’une belle bataille dont je me régale d’avance, entre vélocité pianistique et brio du grand orgue de Gunnar Idenstam, cet organiste virtuose et compositeur suédois qui interprétera sa propre transcription de la célèbre Valse de Maurice Ravel et improvisera à nous en faire tourner la tête.
Il ne restera plus aux chanteurs qu’à inverser la fameuse phrase de La Fontaine : Vous dansiez ? Eh bien, chantez maintenant !